Il faisait tellement beau qu'il avait l'impression
Que le temps s'était finalement arrêté.
Il bloqua sa respiration, par précaution,
De voir le printemps soudain passer à l'été.
son corps ne faisait plus qu'un, avec le milieu,
Au point où il se sentais tellement léger
Qu'il lui aurait suffi, pour atteindre les cieux,
De fermer les yeux et d'arrêter de bouger.
Hélas, quand on vit seul, avec qui partager
Une ébauche de bonheur qui se dessine,
A la faveur d'un soleil venu se loger
Entre des branches lestées de mandarines?
En des jours pareils, la cerise sur le gâteau
Serait d'être à deux, pour pouvoir apprécier
Ce que la vie s'efforce d'offrir de plus beau
Et que l'homme prend pour acquis sans remercier.
Le bonheur est devenus une denrée rare ;
Une vie suffit rarement, pour le trouver.
Le temps de le croiser, il est souvent trop tard,
Alors fermons les yeux ; il reste d'en rêver !
Rêvons que chacun pourra un jour être heureux,
Dans un monde où le bonheur est accessible;
Rêvons que ceux qui sont seuls, se retrouvent à deux
Et que tous leurs rêves deviennent possibles!
Que faire d'autre, sinon rêver les yeux ouverts,
Lorsque la réalité devient trop dure?
Quand l'homme crée pour autrui l'enfer sur terre,
S'aimer les uns les autres? Rien n'est moins sûr!