Je me sens seule et pleure sans larmes,
Sur une chaise, dans ce trou perdu.
La vie a, pour moi, perdu son charme ;
Mes prières n'ont pas été entendues.
Ce coup de gueule est une plainte,
Un cri de l'âme lancé aujourd'hui,
Du fin fond de toutes les joies feintes,
Et des sourires qui cachent l'ennui.
Dites-moi que les efforts et les peines,
Durant toutes ces années écoulées,
N'ont pas été une offrande vaine,
De ma jeunesse non renouvelée...
Dites-moi que l'espoir que j'ai nourris,
De faire de vous un jour des hommes,
Maintenant que vos blés ont bien mûri,
N'a pas laissé qu'une étendue de chaumes...
Dois-je comprendre que, le sort des parents,
Est d'être nés rien que pour vous servir,
Puis de vous voir rester indifférents
A leur solitude, à l'heure de mourir ?
Les nuits blanches et les brumeux matins,
Que j'ai consenti à vos corps avides,
Toute la tendresse et les câlins,
Ne vont-ils me laisser que des rides ?
Aujourd'hui, n'ai-je pas droit, à mon tour
A un peu plus d'attention et d'égard...
Ne vous ai-je donné tout cet amour,
Que pour finir à l'hospice pour vieillards ?