Aujourd'hui j'ai essuyé tes larmes,
A l'issue d'une fête paillarde,
Tes hoquets couvraient tout le vacarme,
Et les rires de l'amitié bavarde.
On a bien ri, avant le mot de trop ;
Celui d'un sot saoul qui fait de l'esprit,
Au dépens de ceux qui ont le cœur gros,
Pour avoir perdu l'amour de leur vie.
Cette fois-ci ce fut le souvenir
De l'inoubliable amour disparu,
Qui, à la fin de la fête vint couvrir
De mélancolie notre coin de rue...
Le souvenir d'un bonheur intense,
Dont tu ne t'es pas encore relevé :
C'est histoire d'un amour qui commence,
Puis t'arrache le cœur sans t'achever.
Il nous fallut du temps, de l'amitié,
Pour sortir de l'abîme ton humeur ;
Après ton largage, sans aucune pitié,
Par une nymphe qui n'avait pas de cœur.
Te revoilà la proie d'un grand chagrin,
De ceux qu'on pêche au fil des verres ;
Tu as commencé la fête serein,
Tu rentres, le moral plus bas que terre.
Tu fends nos cœurs, mais c'est bon de pleurer ;
Les larmes rincent les plaies de l'âme,
Demain, tu n'auras plus qu'à l'essorer
Puis chercher l'oubli chez d'autres femmes.
Le chagrin ne tue personne ; l'important
C'est de pouvoir garder le goût d'aimer ;
Car tant qu'on est en vie et bien portant,
L'espoir fait qu'on n'abandonne jamais !
TANT QU'IL EST TEMPS...
Il fait beau, il fait bon vivre et aimer,
Les jours ne sont que parfums et couleurs ;
A cheval entre le printemps et l'été,
La nature donne ce qu'elle a de meilleur.
Sortez, aimez-vous, donnez libre cours
A votre joie de vivre, à vos instincts ;
La seule certitude c'est ce jour,
L'après, quant à lui, reste incertain.
Placez haut la barre de vos espoirs,
Revoyez à la baisse votre orgueil ;
Votre bonheur a le ciel pour miroir,
Votre sourire n'en est que le seuil.
Jouissez de la vie, prenez du plaisir,
Faites vibrer votre cœur et votre corps ;
Ne prenez pas pas pour acquis le désir,
Ceux qui l'ont fait le regrettent encore.
Cette chair ardente qui réclame son dû
Perdra, avec le temps, de sa superbe,
Et quand ses chances auront été perdues,
Elle nourrira les vers et les herbes.
FLEUR SAUVAGE
Dans un pub, au centre de la ville éternelle,
Travaillait une fille triste et belle.
Dans son cas, la nature avait fait des prouesses,
L'ayant conçue pour être reine ou princesse.
Le facétieux sort en décida autrement ;
Elle ne connut qu'adversité et dénuement.
Les joyaux éveillent toujours les convoitises,
Et à leur vue, tous les appétit s'aiguisent.
Elle ne connut du grand amour que le pluriel,
Elle qui esprait n'en connaître qu'un mais réel.
Bien jeune, elle perdit toutes ses illusions
Sur les hommes, et baigna dans la confusion.
L'âge mûr la rattrapa avant la trentaine ;
Elle devint inaccessible et lointaine.
La belle et intelligente orchidée,
S'enferma derrière un sourire blindé,
Que l'on ne pouvait percevoir que sur ses traits,
Car ses longs cils gardaient son beau regard cloîtré.
Mais la mélancolie de son charme discret,
Poussait chacun à vouloir percer son secret.
Les années passaient et, maintenus en haleine,
Les fidèles noyaient dans les verres leurs peines.
Certains virent ainsi leurs flammes s'éteindre,
Avant qu'une de leurs flèches n'ait pu l'atteindre.
D'autres, de clins d’œils en soupirs mélancoliques,
Au fil des apéros, devinrent alcooliques.
Pendant ce temps là, elle continue, impassible,
A régner sur les cœurs de ces enfants terribles.
Ayant bien observé cette fleur, je me dis
Qu'elle prend sa revanche sur ces enfants maudits.
Plus brûlante que le feu de ton départ,
Ton ombre voile mon horizon, taquine.
Je la sens chaque matin, chaque soir,
Planer sur mon quotidien en ruine.
Chaque coin, chaque pouce de mon corps,
Pleure ton absence et te réclame ;
J’exsude de partout, de chaque pore,
L'amour de toi, qui encore m'enflamme.
Je rebrousse le chemin de mes peurs,
Cherchant une cause à la rupture,
Mais dans les listes de mes erreurs,
Je n'en trouve pas une où tu figures.
Toi, mon autre moitié, mon âme sœur,
Je t'écris aujourd'hui, pour te dire,
Que de toutes les blessures de mon cœur,
Ton brusque départ reste la pire.
Il arrive que je me réveille,
Au milieu d'une étendue de bonheur,
Pour trouver ton nuage sur un soleil
Qui peine à retrouver son ardeur.
Premier amour connu, premier bébé,
Tu évoques la lumière du jour ;
Sans toi, même heureux, on l'est au rabais,
Aucun havre de paix n'a tes atours
Les années passent et, malgré le temps,
Tu restes ce cheveux dans le breuvage,
Qui vient me rappeler au fil des ans,
Que les amours folles n'ont pas d'âge.
FEU DE PAILLE
Rodomontades, que tous nos projets...
Nos pas qui se perdent, dans les couloirs
D'une vie où l'on est simples sujets
Du leurre de vivre, nourris d'espoir.
Gâchis, nos journées noyées de sueur,
Pour déterrer le saint Graal... trimant dur,
Brûlant un présent truffé de bonheur,
En vue d'un hypothétique futur !
Ami, debout ! Étreins celui qui te souris,
Et vibre, avant qu'il ne soit trop tard !
Embrasse celle dont tu es épris,
Qui attend, avant qu'elle n'en aie marre !
Abandonne ton soporifique fauteuil
Et ton étouffante coquille, ce soir !
Ta vie n'est que portes, franchis-en les seuils !
Ton droit au bonheur est à faire valoir.
Réveille-toi, le bonheur c'est aujourd'hui ;
Demain c'est une toute autre histoire !
Ne passe pas à côté de ta vie
Et tes chances de vivre, sans les voir !
Détends-toi, souris, même malade,
Même les poches vides, le ventre creux !
Va vers la vie, ne reste pas en rade,
Fais ce que tu peux, pour être heureux !