Je vois que tu t'apprêtes déjà à partir,
Sans nul égard pour celui qui se déchire.
A peine sait-on apprécier ta présence,
Tu tournes le dos et tire ta révérence.
Sais-tu qu'en partant, tu nous livres à l'ennui,
Et à la grisaille d'un climat fécond de pluie ?
Sans ta pétulance, nos existences se vident,
Nos larmes débordent et se cherchent des rides
Où se disperser, pour échapper au chagrin
Qui, sans crier gare, noue nos gorges qu'il étreint ;
Tu n'es pas encore partie, et déjà la peur
De te perdre à jamais, gonfle nos douleurs.
Celui qui te perd sait que, peu à peu, ta place
Se remplira de mélancolie et d'angoisse.
Je sais que nous prenons les choses pour acquises
Et ne comprenons qu'une fois nos tempes grises,
Mais on ne peut, à peine apprises les caresses,
Accepter de te perdre, chère jeunesse !