Loin de la terre où tu vis le jour,
Assis face à la mer tu fais le point,
Pesant tous les contre et tous les pour,
De ton autre rive qui n’est pas loin.
Un jour, tu as dû la quitter, contraint
Par la force des choses et la peur,
La guerre vint séparer nos chemins
Et réduire au silence nos cœurs.
Même si le temps rend tes souvenirs flous,
Les départs forcés sont toujours pénibles ;
La nostalgie peut parfois rendre fou,
Quand l’exil est l'unique option possible.
On se ramasse, on reprend son élan,
Et peu à peu, de galère en galère,
On enterre ses précieux rêves d’enfant
Avec les souvenirs qui vous sont chers.
Devenu pied noir, au pays d'accueil,
Ce quolibet vint gonfler ta rage,
Il fut l'estocade pour ton orgueil
Blessé en quittant l'autre rivage.
Tu sais bien que tes pieds n'ont rien de noir ;
Reviens, nous panserons tes blessures.
Ensemble, nous relancerons l’espoir
Et repartirons sur des bases sûres.
Il n’y a de noir que ce que tu broies ;
L'Histoire se chargera de tout blanchir
Et les souvenirs sous lesquels on ploies,
Finiront bien un jour par resplendir.
Relève-toi et écoute ton cœur ;
Viens te replonger dans ton terreau.
Le temps n’est désormais plus à la peur.
Le retour... il n'y a rien de plus beau!