Sur une musique légère,
Je t’ai aimée à en mourir ;
J’ai encore en tête cet air
Qui allumait ton sourire.
Je te revois, la tête haute,
La bouche bée, les yeux rêveurs ;
Ne faisant qu’une avec les notes
D’un violon au son enchanteur.
Je me revois tremblant d’amour,
Te murmurant d’absurdes riens,
Dans un incohérent discours
Dont les mots n’avaient aucun lien.
Je ne voyais qu’une personne,
Pourtant la salle était pleine ;
J’étais un cœur qui s’abandonne
Entre les bras d’une souveraine.
Le quotient intellectuel
Et la force de caractère,
Perdent toujours dans un duel
Où le cœur dicte les repères.
Cet air règne sur ma mémoire,
Malgré les années plurielles ;
Quand je t’observe je crois voir
Ma timide jouvencelle.
Le temps pourra tout me prendre,
Sauf certains bons vieux souvenirs ;
Il peut tout réduire en cendres,
Sauf ma notion du verbe chérir !