Ce n'est pas par simple mélancolie
Que j'ai mal, en pensant aux années tendres ;
Lorsqu'enfants, sur les chemins de la vie,
Nous avions des rêves à revendre.
Les belles années, je crois, sont derrière,
Celles où nous étions pauvres mais heureux ;
Notre école était parfois buissonnière,
Et nos ventres creux une fois sur deux.
Noueux comme des sarments de vigne,
Notre terrain de jeu c'étaient les rues,
Nous étions pauvres mais étions dignes,
Génération de seigneurs aux pieds nus.
Nous étions les enfants du tout possible,
Nés pour porter le monde à bras-le-corps ;
Le Coran, la Torah et la Bible,
N'étaient pas encore le fuel de la mort.
La musique n'était pas de synthèse,
Au temps des crooners et des paroliers ;
Les compositeurs étaient balaises
Et alignaient leurs notes sur des portées.
Les lettres d'amour étaient parfumées
Et les femmes traitées avec égards ;
Les pantalons au sourire du plombier*,
Auraient, en ce temps là, semblé bizarres.
C'était beau, à cette époque, d'être enfant,
Tous les rêves fous étaient alors permis ;
Tout avait un rythme, même les saisons,
La terre était notre Éden promis.