Quand on a le souvenir à fleur de peau,
Quand le temps et le lieu ont, au fer rouge,
gravé dans la chair et dans le cerveau
La nostalgie de tout ce qui bouge.
Quand l'empreinte des expériences vécues
Reste, longtemps après les fins douloureuses,
Présente, telle la blessure d'un vaincu,
Témoin de toutes les amours houleuses.
Quand la moindre vague qui vient s'écraser
Sur le rivage où tu t'asseyais,
Semble caresser un sable blasé,
Inconsolable de devoir t'oublier.
Quand la brise du soir semble porter,
Longtemps après ton départ, ce parfum
Si doux, auquel je ne peux résister,
Et qui réveille notre amour défunt...
Quand chacun des baisers qu'on échange,
Autour de moi, sous mes yeux las mi-clos,
Évoque la douceur de tes lèvres d'ange
Et donne envie de se jeter à l'eau...
Quand je vois dans la rougeur du soleil
qui s'en va se coucher à l'horizon,
La couleur de tes joues au teint vermeil
Rehaussée par le bleu de la saison...
Quand je plie bagage... quand vient le soir,
Et reprends le chemin des lieux hantés
Par ta présence qui était l'espoir,
Je me sens seul, le cœur désenchanté.