Si j'étais moins timide, face à tes yeux de biche,
Les propos moins vides, le verbe plus riche ;
Si j'avais le courage de mes ambitions,
Un peu plus de rage, contre ma condition ;
Si au lieu de pleurer, le soir, quand vient la nuit,
Ta présence désirée, le lâche que je suis
Relevait le regard, pour affronter le tiens,
Et, un peu plus bavard, te confiait son chagrin ;
Si tu pouvais lire dans ma mine défaite
Ce que je n'ai pu dire de ces phrases prêtes
Que je met des heures parfois à préparer,
étouffées par ma peur, quand je te rencontrais ;
Si les rêves que j'ai, pour nous, les yeux ouverts,
Et tous les chauds projets nourris pour nos hivers,
Pouvaient être traduits en phrases éloquentes,
Mes mots auraient produit l'amour qui me hante,
Et ma langue libérée, aurait enfin pu dire
Combien, mon adorée, pour toi j'ai dû souffrir !