Un ami loquace, à ma table,
Oubliait jusqu'à l'usage des mots ;
La raison de son air pitoyable:
Un cœur trop sensible traité de haut.
Il n'est plus que l'ombre de lui-même
Ce brave gars, depuis qu'il t'a connue ;
Tu fais tout, pour que les hommes t'aiment
Puis tu t'en vas une fois leurs cœurs à nu.
Petite femme gentille et douce,
Au cœur immense, aux yeux de velours,
On t'a fait souffrir ? Qu'est-ce qui te pousse,
Aujourd'hui, à faire souffrir à ton tour ?
Ce grand cœur, qui a connu la douleur,
Victime des hommes sans scrupules,
Peut-il aujourd'hui piétiner d'autres cœurs
Dans son parcours, tel un somnambule ?
Ton regard, jadis une caresse,
Peut-il brûler, là où il se pose,
L'espoir, les rêves et les promesses
Et traiter autrui comme une chose ?
Qui n'a pas souffert est pardonnable,
S'il fait souffrir involontairement,
Mais qui à pu survivre au diable,
Doit épargner aux autres ses tourments.
Cesse de voir en l'autre un sujet
Juste bon à prêter allégeance ;
Pour le cœur, rien n'est pire que le rejet
Après avoir pensé tenir sa chance.
Cet ami que nous avons vu souffrir
Parce que séduit ensuite condamné,
Par amour, à se laisser dépérir,
Ne méritait pas d'être abandonné.