Un pèlerin déçu battait la campagne,
Cherchant un lieuoù s'échapper;
Une grotte ou un sommet de montagne,
Qui serait son havre de paix.
Sur son chemin, il croisa une gazelle,
Qui semblait avoir trop couru ;
Ton espèce, lui dit-il content, ma belle,
N'a donc pas encore disparu ?
Non, il en reste encore quelques spécimen,
Objets d'une traque constante;
Après notre milieu, ta race humaine,
S'en prend aux bêtes et aux plantes.
Depuis des semaines, je ne fais que courir,
Mes jours sont comptés, je le sais ;
Mais je crains, ajouta-t-elle dans un soupir,
Que vous êtes aussi menacés.
Cette folie qui s'est emparée des hommes,
Finira par les emporter ;
Ils feront de la terre une planète fantôme,
Où rien ne pourra subsister.
C'est la raison qui m'a poussé, chère amie,
A partir, laissant tout derrière,
Les biens que je possède et toute ma famille,
Pour m'adonner à la prière.
Si tu veux te joindre à moi, dans mon exil,
A deux, on pourra mieux tenir ;
Loin de cette civilisation imbécile,
Dont l'inconscience fait frémir.