Certains souvenirs ont la peau dure.
Ils sont pareils à des blessures
Qui, au moment où on les croit fermées,
S'ouvrent et font souffrir plus que jamais.
Un souffle de nostalgie a balayé
La poussière de l'oubli et les années
Venues couvrir les coins de la mémoire
Où dorment les choses qu'on peine à voir.
Rien n'est aussi fragile que l'humeur ;
Elle est la source de toute langueur.
Il a suffi d'un simple coup de spleen,
Pour que la grisaille couvre ma mine.
Sur une musique de fond douce,
Les vieux souvenirs affluent et poussent
Les moments de bonheur les plus récent
Et s'installent en donneurs de leçons.
Les vieux rendez-vous empreints de pudeur,
Que les filles concédaient dans la douleur,
Du temps où un baiser vous tenait chaud
Longtemps avant d'en gagner un nouveau...
Les vieilles chansons aux paroles naïves,
Les vendanges et les cueillettes d'olives,
Les auberges bondées où la jeunesse
Découvrait timidement les caresses...
Les campings, les soirées au feu de camp,
Les randonnées folles à travers champs,
Les filles difficiles à séduire,
Les chagrins d'amour à n'en plus finir...
Les nuits d'été, sous les balcons des belles,
Les baisers qui vous donnent des ailes ;
Les promesses d'adolescents faites
Au gré des rares têtes-à-têtes...
La perte d'un amour et la peine
Qui vous dévore pendant des semaines ;
Les longues balades seul, à méditer
Sur la vie, à la plage, quand vient l'été...
Tous ces souvenirs et bien plus encore,
Profitant du blues, viennent serrer fort
Les points douloureux de la mémoire,
Mouillant l'oreiller, par une nuit noire.