Question à plusieurs dinars: quelle langue parle t-on ces derniers temps chez nous en Algérie (à part la langue de bois, pour les apprentis politiciens) ?
Plusieurs à la fois ! N’en maîtrisant aucune le commun des mortels s’achemine vers un patchwork linguistique, une sorte d’espéranto revisité, ponctué d’onomatopées.
Adressez-vous au passant en arabe littéraire, en bon français, en tamazight ou même en algérois et vous aurez une chance sur deux de décontenancer !
Comment en sommes nous arrivés là ?
Près de quatre siècles d’improvisation tous azimuts ne pouvaient ne pas donner pareil résultat. Pris en otage par l’ambition politique des uns et une sorte d’instinct de survie pour d’autres, le système éducatif oscilla entre tradition et modernité sans jamais aller résolument vers l’une ou l’autre, chaque camp défendant l’outil de sa pérennité au détriment du bon sens.
Il ressort donc à l’évidence que tant qu’on n’aura pas tranché en faveur de l’un ou l’autre des deux projets de société, ceux qui ne manient qu’un seul outil de communication continueront inlassablement à jeter l’opprobre sur l’autre, même et surtout s’ils n’ont rien à offrir de concret sur le plan de la compétence.
Pour barrer le chemin à l’opportunisme il faudrait multiplier les voies du savoir. Ce n’est que lorsqu’on aura valorisé le contenu plutôt que l’emballage, en permettant à l’algérien trouver à proximité sciences et connaissances (écoles privées « vraiment » spécialisées, écoles et instituts internationaux quelles que soient les langues d’enseignement, recrutement de professeurs réellement porteurs de savoir, fussent-ils étrangers, au niveau des universités…) qu’on pourra dire qu’on a fait œuvre utile.
On ne peut se permettre de pousser plus loin encore l’aventure destructrice du système éducatif. Nous avons assisté impuissants au sabordage des secteurs les plus nobles du pays. Essayons à présent de pousser dans le sens d’un sauvetage bien organisé. Les responsables du naufrage actuel n’ont qu’une préoccupation : leurs intérêts étroits ! Il serait donc naïf d’attendre d’eux une amende honorable. Ils ne le feront que contraints !