La finalité du jeûne, en ce mois sacré,
Ne consiste pas à manger tel un chancre !
Si tu crois qu'on jeûne pour ensuite s'empiffrer,
C'est que tu es un incorrigible cancre !
Tu n'as de la piété que quelques rudiments,
Tu es égoïste, fainéant, gourmand et roublard ;
Ta table qui pourrait nourrir un régiment,
Nourrit les poubelles, les rats et les cafards.
Tu es un monstre, une fois sans nourriture ;
Tes regards haineux lancent des étincelles.
Au volant, tu te transformes en pourriture,
Tu conduis comme un fou et deviens cruel.
Tu es la bête à sa plus simple expression,
Prête à tuer, quand elle a le ventre creux.
Diable le jour, le soir tu es la dévotion,
Au bout d'un mois, tu es dans un état est piteux.
Petite nature aux grandes prétentions,
Ta privation conjoncturelle est l'image
Du quotidien vécu par certaines nations,
Chez lesquelles la famine fait des ravages.
Puisque t'abstenir de boire et de manger,
Pendant ce mois, quelques heures de ta journée,
Fait que tu deviennes pour autrui un danger,
Broute donc, comme pendant le reste de l'année !
La privation devrait, outre purger ton corps
Et bannir les excès qui nuisent à ta santé,
Face à la tentation, te rendre plus fort
Et semer dans ton cœur une graine de bonté.