A la périphérie de la ville
Un triste ouistiti comptait les jours.
Depuis qu'un riche et vieux débile,
avait abrégé son libre parcours.
Ayant été pris en très bas âge,
Il n'avait gardé de ses semblables,
Hélas, qu'une très vague image
Et quelques souvenirs pas très fiables.
Il grandit seul et, une fois pubère,
Au milieu d'animaux domestiques,
Fut confronté au réveil de la chair
Et devint un singe romantique.
Il se sentit bien seul quand vint la nuit
Et, en mal d'amour, se mit en quête
D'une gentille femelle autour delui
Pour s'amuser et faire la fête.
En guise de potentielles amantes,
Il ne trouva que deux bêtes à poil ;
Une chienne un peu trop bruyante
Et une chatte aux griffes fatales ;
Étant mus par les rêves qui nous hantent,
A l'appel pressant de mère nature,
Lorsque la vie devient contraignante,
On s'adapte, pour la rendre moins dure.
Il pesa le contre, pesa le pour ;
La chatte l'emporta par sa douceur.
Elle avait tout pour susciter l'amour ;
Restait à trouver la clé de son cœur.
Elle vivait confinée dans la maison
Et, comme lui, manquait de tendresse ;
Elle finit donc par entendre raison
Et rentrer ses griffes, pour les caresses.
Après la cour, ils se retrouvèrent
Dans un coin, sur une pile de linge,
A l'appel des sens, par une nuit d'hiver...
Ils eurent une portée de « chinges ».