8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 21:43

Est-ce bien moi, cette femme belle,
Que tu fis un jour tomber amoureuse? 
Tu avais pourtant dit vivre pour elle,
Et tout faire pour la rendre heureuse...

Je t'ai, disais-tu, fait tourner la tête
Et fait battre ton coeur en porte-à-faux;
Que sans moi, ta joie était incomplète...
Que pour l'être aimé, rien n'est trop beau.

Je me retrouve, vingt années plus tard,
Peinant à trouver grâce à tes yeux
Et m'échinant seule du matin au soir,
Pour sauver notre couple sommeilleux!

Tu passes ton temps collé à la glace...
Je sais, le temps est une lourde croix,
Mais moi, je ne me voile pas la face,
Et je ne pars pas traquer d'autres proies.

Lorsqu'on arrive au crépuscule
De sa vie, retomber en enfance,
En plus de nous rendre ridicule,
Nous fait basculer dans l'indécence.

Tu te trouves encore assez vert
Pour aller butiner de fleur en fleur,
Infligeant à notre couple ce revers,
Après  m'avoir arraché ma primeur?

Moi, celle qui, armée de patience,
T'a vu régresser au fil des années
Et t'a porté comme une pénitence,
Quand la raison dictait d'abandonner...

Moi, le témoin de tes frasques puériles
Et de tes volte-face de mâle blessé,
Lorsque tes assauts s'avèrent inutiles
Et tes salves des cartouches mouillées...

Tu vas, la dégaine de mâle viril,
Plastronner là où tu n'es pas connu,
Toujours en quête d'un look, d'un style,
Pour impressionner de pauvres ingénues.

Pendant ce temps là, moi, pauvre mère
De quelques ados et d'un vieil enfant,
Je n'ai fait que subir et me taire,
Dans l'espoir que tu retrouves la raison.

La coupe est pleine, aujourd'hui je m'en vais!
Quand un membre infecté fait trop mal,
Et qu'il commence à sentir mauvais,
L'amputer devient alors primordial!

Partager cet article
Repost0
5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 11:21

Je vous sens tristes, amis de tous pays,
L'air désabusés, l'humeur en bouillie.
A vous voir abattus, j'ai l'impression
Que vos coeurs sont vidés de leur passion,
Que de l'autre vous avez fait le tour,
Et l'avez jugé indigne d'amour;
Que vos décevantes expériences,
Sont venues à bout de votre patience,
Et que, las, vous ne demandez pas mieux
Que de battre en retraite vers d'autres cieux.
Soit! Tout comme vous, je perds confiance,
En constatant, par exemple, l'inconscience
Et l'égoïsme dont font preuve les humains,
Qui transforment en impasse les chemins,
Censés nous conduire vers le bonheur,
Jouant sur nos différences et nos peurs.
Je suis même prêt à l'aventure,
Pour peu que je trouve un moyen sûr
De m'éloigner d'ici à tire d'ailes,
Vers des contrées indemnes et belles.
En attendant de trouver ce moyen,
Faisons l'effort d'être de bons citoyens;
Colorions de mots, faute de couleurs,
Cette grisaille qui pèse sur nos coeurs,
Conjurons les non-dits en criant fort,
Notre souci de redresser ces torts
Et affichons, autant que faire se peut,
De tous nos sourires, les plus radieux!

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2016 3 02 /11 /novembre /2016 22:12

QUI SE SOUVIENT DE AZIZ TAALAB?
Je ne ferais pas à ta mémoire
la grandiloquence de soutenir,
ou ne serait-ce que prétendre croire
que tes pairs chériront ton souvenir.

On sait hélas que dès que l'un s'efface,
l'engrenage fait tout pour qu'à terme,
n'importe qui d'autre prenne sa place
avant que son trou ne se referme.

Des paupières tombent sur des yeux clairs
qu'on ne peut soupçonner d'indulgence,
d'un être en perpétuelle guerre
contre médiocrité et allégeance.

Tu as su travailler ton expression,
dans un art désormais phagocyté,
excellant au point de faire impression,
bravant les coups bas, la duplicité.

Tes pourfendeurs ont, de guerre lasse,
Reconnu que ton seul et unique tort,
lorsque eux dénonçaient à voix basse,
était de crier bien haut et très fort.

Dans ce métier les amis sont rares!
Comment pouvais-tu croire éperdument,
qu'on peut dénoncer fausseté et tare,
et pouvoir s'en tirer impunément?

Repose en paix, frère de combat,
toi qui, vivant avait forte présence,
on ne t'oubliera jamais ici bas:
présent tu seras malgré l'absence!

(Poème écrit il y a plus de dix ans, en apprenant la mort, trop précoce, d'un excellent ami interprète et bon vivant.)

Partager cet article
Repost0
31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 15:26

LA VANITE' DES CHOSES
A quoi bon plastronner, pauvre mortel,
A quoi sert-il d'exhiber ta force?
D'autres que toi, plus forts, plus rebelles,
Ont nourri ces arbres et leurs écorces.

Tu auras beau décrocher la lune,
Rien n'est acquis à ceux de ton espèce,
Ni leur force, ni même leur fortune;
Un jour tu partiras et tu les laisses.

Il n'est pas suffisamment loin, le jour
Où tout commence à faire faux bond,
Où on se retrouve au carrefour,
Menant du vigoureux au moribond.
 
Quand, pour avancer, ta frêle structure
Cherche l'appui des cannes ou des murs...
Quand tous tes muscles, jadis bien tendus,
Pendent flasques, tel un membre repu...
Quand ton humeur puise dans la rage,
Tout ce qu'il lui faut comme courage,
Pour supporter la peine à vivre,
Qu'éprouve ta silhouette ivre,
Qui tangue, très affaiblie par l'effort
De demeurer debout devant la mort...
Tu saisis la vanité des choses,
L'éphémère beauté de la rose,
L'écrasante défaite de naître
Et mourir avant d'avoir pu être!

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0
30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 13:11

Je vais vous raconter l'histoire
Des tristes maîtres de la cité,
Qui firent main basse sur l'espoir,
En cultivant l'ambiguïté.

*

Nous étions jeunes, forts et beaux,
Les têtes bourrées d'illusions;
Ils mirent nos rêves en lambeaux,
Semant en nous la confusion.

*

Ils étaient la force brute,
Et pour pouvoir avoir main-mise
Sur tout, menèrent leur lutte
Contre la matière grise.

*

Le système éducatif
Fut leur première revanche,
Car pour régner, ces califes
Prirent pour alliée l'ignorance.

*

Puis de mensonges en promesses,
Ils nous ont tenu en haleine;
Ils ont volé notre jeunesse
Et semé dans nos coeurs la haine.

*

Ils réunirent les conditions
Favorables à notre perte,
Et entreprirent la moisson
D'une récolte encore verte.

*

L'improvisation et l'abus
Jetèrent les bases de la discorde;
Nous payâmes un lourd tribut, 
A d'impitoyables hordes.

*

Le pays devenu peu sûr,
Fut déserté par ses enfants,
Ceux encore là rasent les murs,
Les regards creux de survivants.

*

L'ordre des valeurs inversé,
Le gueux enrichi devint Roi,
Nous errons en rangs dispersés
Parmi des gens sans foi ni loi.

*

Telle est la triste réalité,
Mes frères, victimes de pères
Qui lèguent, comme moralité:
Souffrir et surtout se taire!

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 16:11

 

Je re poste ce poème, pour atténuer l'impact du précédent :)

LA RAGE DE VIVRE
Avec le temps, j'ai compris une chose,
C'est que par peur ou par apitoiement,
La mémoire ne garde de la rose
Que l'image de l'épanouissement.

Le regard qu'on pose, une fois mûr,
Sur la vie et sur les êtres vivants,
Reste aussi jeune et aussi pur
Que les regards qu'on avait à vingt ans.

Je ne connais autour de moi personne,
Parmi ceux dont la vie en est au soir,
Qui, face à la beauté, abandonne
Et se dit qu'il est peut-être trop tard.

Il est toujours un peu tôt, dans nos têtes,
Quoi qu'en pensent les éphémérides ;
Nous rêvons de fugues et de fêtes,
Et ils n'indiquent que le fil des rides.

Différents des autres, nos miroirs
Sont chargés d'indulgence, pour nos yeux
Qui les interrogent avec espoir,
Et qui ne voient que ce qu'on a de mieux.

On cultive toujours la certitude
Qu'on paraît plus jeune que notre âge ;
Ce n'est qu'ainsi qu'on trouve moins rude,
La coexistence avec notre image.

Si notre entourage pouvait nous voir
Avec les yeux qu'on pose sur nous-mêmes,
Il aurait de la peine à croire
Que prendre de l'âge soit un problème.

On ne vieillit pas, on est juste trahi
Par une enveloppe qui peine à suivre
l'âme juvénile, prisonnière, qui crie
Sous les rides sa rage de vivre.

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2016 3 26 /10 /octobre /2016 16:08

Les ans défilent et passent,
Ces fieffés voleurs de printemps;
Ils gravent sur vous les traces,
des lourds pas cadencés du temps.

Dans un parc, un auguste Monsieur,
assis tranquille dans son coin,
Guettait un soleil capricieux,
les yeux rêveurs, l’esprit bien loin.

Pensif, il avait l'air triste,
Ses yeux fixaient sans rien voir.
Autour de lui rien n'existe,
à part son passé, tout est noir.

Les couples passaient prés de lui,
s'embrassant avec hardiesse;
Son humeur se mit à la pluie,
En se rappelant sa jeunesse.

Il sortit une cigarette,
ne parvint pas à l'allumer;
le vent souffla son allumette,
ses mains se mirent à trembler.

Humectant ses lèvres sèches,
il se tourna vers les enfants,
qui jouaient sous la brise fraîche,
les cheveux mus au gré du vent.

Moins inquiet pour son propre sort,
que pour celui de ces enfants,
il ressentait dans tout son corps,
ce que leur réservait le temps.

Les enfants joueront encore
tandis que lui, solitaire,
Attendra sagement le sort,
dont il est destinataire.

L'existence, cette garce,
Vous fait croire à l'éternité,
Puis vous mène, de farce en farce,
Vers un destin prémédité!

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 18:51

L'espoir ne doit jamais mourir,
Dans les cœurs de ceux qui peinent;
Il faut espérer et nourrir
Sa petite lueur souveraine.

J’ai la faiblesse de croire,
Que pour chaque goutte de pluie
Qui tombe, il y a l’espoir
De voir une fleur qui s’épanouit.

Je crois toujours que quelque part,
Même dans les nuits les plus sombres,
Derrière les plus hauts des remparts,
Une bougie anime les ombres.

J’ai la conviction que chacun,
Parmi tous ceux qui s’égarent,
Trouvera tôt ou tard quelqu’un
Qui le guidera dans le noir.

Oui, j’ai la faiblesse de croire
Qu’une oreille écoutante
Entend vos prières du soir
Et répond à vos attentes.

Il existe, j'en suis certain, 
Quelque part dans l’immensité,
Quelqu'un qui montre le chemin,
A ceux qui peinent à s’orienter.

Partager cet article
Repost0
16 octobre 2016 7 16 /10 /octobre /2016 18:40

Ils se distinguent par leur diversité,

Les usagers qui fréquentent le net ;

Certains, pour lutter contre la vacuité,

Y vivent comme sur une autre planète.

*

Ils sont là, tapis derrière leurs écrans,

Ces centaines de millions d’anonymes ;

Ces armées de voyeurs persévérants,

Que curiosité et ennui animent.

*

Ils naviguent sur la pointe des clics,

De page en page, tels des voyeurs ;

Ils font le plein d’infos, mais s’appliquent

A faire semblant de regarder ailleurs.

*

Il y a les autres, heureusement,

Ceux dont le clavier exprime le cœur,

Qui partagent bons et mauvais moments,

Et interagissent sans calcul ni peur.

*

N’encombrez pas l’amitié de poids morts,

En ajoutant des monuments d’orgueil

Qui, faute de pouvoir vous faire du tort,

Ne sont là que pour vous avoir à l’œil.

*

Vous les verrez donner du « like » ailleurs,

Là où l’intérêt trouve son compte,

Et remplir d’émoticônes racoleurs

Les « posts » plats des décideurs et pontes.

*

Revisitez vos listes, vous verrez

Que certains amis, bien que très présents

Sur le net, ne font que vous ignorer,

Prouvant par là même que j’ai raison.

*

Le net reproduit la vie courante,

Ses schémas et galères de tous les jours ;

Âmes nobles ou tares ambulantes,

Y pullulent et ont librement cours.

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2016 1 10 /10 /octobre /2016 11:31
SUBLIMES ROSES

Les boutons deviennent roses,

Au fil des ans impitoyables,

Qui, en rangs serrés, s’y posent,

Et dont l’impact est regrettable.

*

Le sécateur de l’Éternel,

Lorgne parfois de leur côté,

Mais les trouvant toujours belles,

Les contourne sans se hâter.

*

Le temps, souvent pressé,

Face à leur grâce, hésite ;

Il traîne ses pas cadencés,

Conscient d’aller un peu vite.

*

Leur regard est la synthèse

Du temps passé inaperçu ;

Sentiraient-elles le malaise,

D’avoir donné et peu reçu?

*

Généreuses, elles étalent

De leur splendeur ce qu’il reste,

Et, ce faisant, quelque pétale

Tombe, victime de leur geste.

*

Elles forcent notre respect,

Ces merveilles de la création ;

Certaines, fanées, reposent en paix,

D’autres suscitent nos passions.

*

Profitez-en sans les cueillir,

Elles ont droit à tous les égards ;

L’Homme les aide à s’épanouir,

Le lâche les prive de leur terroir.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Eachman:
  • : RIEN DE CE QUE JE POSTE SUR CE BLOG N'EST PERSONNEL OU AUTOBIOGRAPHIQUE. CES POÈMES NE SONT QUE LE FRUIT DE L'OBSERVATION ET DE L'EMPATHIE...
  • Contact

Recherche

Liens