Si l’air que je respire, dépendait de toi,
J’arrêterai sans réfléchir, de respirer.
Si je dois un jour mourir, je veux que ce soit
Loin de ton sourire, dans un lieu retiré.
Aujourd’hui, je ne regrette qu’une chose,
C’est d’avoir trop rêvé et perdu un temps fou,
A t’assimiler à un jardin de roses,
Au lieu de bruler ma chandelle par les deux bouts.
Mon crime c’est d’avoir été entier en tout,
Et d’avoir consacré mon corps et mon âme,
Ma vie entière, à mon travail et à vous,
Sans aucun calcul, ni reproche ni blâme ».
Dit-il, fou de rage.
« Même ceux qui semblent proche de la perfection,
Avec le temps mettent à nu leurs faiblesses,
Lorsque les élans spontanés et la passion
Ne laissent derrière eux que de la tendresse.
Ceux qui s’engagent pour le meilleur et le pire,
Après les points forts, apprivoisent les carences,
Sachant que deux êtres qui décident de s’unir,
Acceptent les eaux calmes et les turbulences.
Avant de remettre les autres en cause,
Il faut avoir la sagesse de soupeser
Les lacunes avec lesquelles l’autre compose,
Et les caprices qu’il n’a pas su vous refuser.
Ceux qui ont le plus à perdre sont ceux qui
Font l’erreur de croire à l’autosuffisance…
Qui prennent tout ce qu’ils reçoivent pour acquis
Et confondent faiblesse et indulgence.
Il faut être des anges, pour rester
Imperturbables, face aux coups durs,
Et avoir la force de résister,
Lorsque les caresses se font morsures.
A l’aune de nos propres souffrances
On mesure la vilenie d’autrui,
Mais on fait l’impasse sur l’endurance
De ceux à qui notre égoïsme nuit.
Aucune entente n’est possible
Là où il n’y a pas abnégation,
Et rien, pour le couple, n’est plus terrible,
Sous un même toit, que l’opposition ».
Dit-elle, les larmes brouillant sa vue,
L’âme meurtrie par ses tranchants propos.
Si ses illusions ont été perdues,
C’est inhumain qu’il lui trouve bon dos.
Il perdit tout à coup de sa superbe.
Face aux larmes et à la vérité,
Sa nouvelle résolution en herbe,
Née de la colère, ne put résister.
« Dans ce naufrage les torts sont partagés.
Sèche tes larmes et prions le ciel,
De veiller sur nous et nous protéger,
Contre ces colères chargées de fiel.
Prise dans la tourmente des choses,
La mémoire oublie ses repères,
Les voies de la raison restent closes,
Et les ressentiments se libèrent.
Les paroles fusent puis s’envolent.
Quoi que je dise, sous la colère,
Tu restes pour mon cœur une idole,
Et pour mon âme une prière ».
Répliqua-t-il, en l’attirant vers lui.